Il n’y a pas toujours quelque chose de nouveau au royaume du
rire, mais il y a toujours quelque chose de drôle au Royaume-Uni.
Certes, How Not To Live Your Life,
la nouvelle comédie diffusée par BBC Three, ne révolutionne pas le
genre auquel elle appartient. Pourtant, elle offre d’excellents moments
de pur humour anglais : ceux où l’on se dit face à face quelques
vérités en renonçant à l’hypocrisie des convenances.
Agé d’une bonne vingtaine d’années, Don est un "branleur" (a
dickhead), c’est ainsi que sa grand-mère le désigne dans son testament
par lequel elle lui lègue (vu qu’elle n’a pas d’autre choix) la grande
maison qu’elle occupait jusqu’au jour de sa mort. Don qui, de son
propre aveu, réfléchit avec ses "couilles" (balls) est une espèce de
bon à rien. Il se révèle incapable de garder son emploi parce que le
boulot est une chose qui le dépasse et ne convient pas du tout à son
imagination débridée.
Tout heureux de récupérer ce patrimoine immobilier, qu’il prend
comme un cadeau de la providence, Don s’installe donc dans ses nouveaux
meubles. Style victorien et tapisseries à grosses fleurs aux murs. A sa
grande surprise, la maison est déjà occupée par Eddy, sorte d’homme à
tout faire qui prenait soin de la vieille dame et qui va prendre soin
du jeune homme.
Au chômage, Don n’a pas de quoi assurer financièrement l’entretien
de la demeure et il doit se résoudre à louer l’une des chambres pour
subvenir à ses besoins. Se présente alors Abby Jones, une superbe jeune
femme, dont Don était amoureux lorsqu’ils étaient au lycée. La vie du
jeune célibataire s’éclaire brusquement jusqu’à ce que Don apprenne
qu’Abby a un petit ami, Karl (avec un K et non avec un C). La rivalité
entre les deux hommes pour séduire la belle devient le fil rouge de la
série.
On retrouve dans How Not To Live Your Life, l’humour grivois, voire
graveleux, popularisé par Benny Hill. Don réfléchit effectivement avec
ce qui lui sert d’appareil reproducteur et la conséquence est de se
mettre dans des situations qu’il ne pourra pas seulement régler en
restant en-dessous de la ceinture.
Comme dans le génial My Name Is Earl, Don est le narrateur.
Il dévide l’écheveau de ses pensées avec une spontanéité et une naïveté
confondantes qui le font effectivement passer pour ce qu’il est : a dickhead.
L’un des procédés humoristiques est de montrer en images les quatre ou
cinq réponses que Don envisage de fournir chaque fois qu’il se trouve
face à un problème qui requiert subtilité, tact et délicatesse.
Évidemment, tous les gags ne sont pas de la même eau, mais certains
sont hilarants, soit en raison de leur incongruité (une voisine de Don,
âgée de 80 ans, se fait bronzer seins nus dans son jardin), soit en
raison de la maladresse du héros qui essaie de passer pour ce qu’il
n’est pas, un type cool et drôle.
HNTLYL n’apporte rien que nous n’ayons déjà vu dans d’autres
comédies (et elles sont nombreuses sur les grilles de programmes), mais
contrairement à certains sitcoms qui reposent en totalité sur les
dialogues et les réparties, la série offre un comique de situation et
un goût pour le ridicule qui lui donnent une solide identité.
Source: http://seriestv.blog.lemonde.fr/